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Quand le rêve révèle ce que le réel n’a jamais pu entendre ou comment les institutions réduisent au silence ceux qui dérangent

Il y a des rêves qui ne s’oublient pas. Pas parce qu’ils sont beaux, mais parce qu’ils réveillent, au contraire, un malaise profond… Une oppression dans le corps, un cri étouffé. Et ce sentiment glaçant d’impuissance, comme si ce qu’on avait vécu en dormant, on l’avait aussi vécu bien éveillé.

Cette nuit, j'ai rêvé que j’étais dans une salle "officielle", entourée du conseil. Je n’étais qu’une secrétaire. Silencieuse. Invisible. Un représentant syndical me saisit à la gorge. Il serre. Je hurle mais personne ne m’aide.

Quand je me suis réveillée, j’étais en sueur et en larmes. Et j’ai compris que ce n'était qu'un rêve...Puis j'ai compris que ce n'était pas qu'un rêve... C’était le reflet exact de ce que j’avais vécu, en tant que professionnelle jugée, écartée puis sanctionnée, non pour une faute réelle, mais pour une prise de position, une résistance, une parole libre.

Ce rêve m’a renvoyée à une réalité plus large : celle de tous ceux qu’on fait taire, au nom du bon ordre, du politiquement correct ou du confort d’un système ; celle de ceux qui dérangent parce qu’ils proposent un autre regard, une autre façon de faire, et qui, au lieu d’être entendus, sont perçus comme des menaces ; celle d’une autorité qui juge sans écouter.

Ce sont les personnes qui, par leur intégrité ou leur courage, se retrouvent sur la route de quelques individus prêts à tout pour défendre leurs intérêts ou assouvir une forme de vengeance.

Quand certains, en quête de pouvoir, d'inversion du pouvoir ou en quête de revanche instrumentalisent une situation, même sans fondement, le système, au lieu de protéger l’équité, choisit souvent de se protéger lui-même.

Et quand le pouvoir porte l’uniforme, c’est encore plus délicat. Un monde perçu comme héroïque, sacré, intouchable. Un monde dont le rôle social est si fort qu’il devient presque tabou de le remettre en question.

Et c’est là le paradoxe : même quand l’intérieur est toxique, même quand des comportements sont violents, même quand aucune faute réelle n’est commise par celui qu’on accuse, il est très difficile pour des figures politiques de soutenir les personnes isolées, au risque de se mettre à dos une institution puissante ou de fragiliser leur image auprès d’un électorat attaché à ses héros en uniforme.

Ce licenciement n’est pas un drame personnel, c’est un symptôme collectif.

Et ce rêve est venu montrer l’invisible : ce qui se joue quand on n’a plus le droit de parler sans craindre de tout perdre. Ce qui se passe dans un système qui protège sa façade au détriment de la vérité. Et ce que vivent, silencieusement, beaucoup d’autres que moi.

Il ne s’agit pas de vengeance. Il s’agit de comprendre. Et peut-être aussi, de réparer un peu ce qui a été brisé. Par l’écriture. Par la parole (de toute façon, face à l'injustice, je ne sais pas me taire, c'est bien connu). Par le courage de dire ce que tant gardent en eux, en silence.

Ce rêve, aussi dur soit-il, est un signe que quelque chose bouge enfin. Les émotions remontent, non pour submerger mais pour être vues, comprises, digérées.

Ce processus, même s’il est inconfortable, est un chemin de libération. Pas à pas, je construis aujourd’hui quelque chose de solide, plus aligné et libre. Je ne vis pas une fin, je vis le passage vers une autre version de moi-même. Plus ancrée, plus audacieuse, encore plus entière.

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